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Comment préparer l'expatriation ?

Dernière mise à jour : 25 avr. 2022

Point de vue psychologique



L’expatriation est un changement de vie favorisé par notre société actuelle, qui correspond au fait de partir vivre à l’étranger ou de devenir nomade en séjournant dans différents pays. Il peut maintenant être relativement facile de voyager, de trouver un travail à l’étranger, voire même de télé-travailler, et il est même possible d’entretenir des relations sociales et amoureuses à distance. Cependant, si le fait de concrétiser l’expatriation est de plus en plus aisé et rapide, votre psychisme, lui, ne « se laissera pas faire » car il a besoin de temps et de préparation. En effet, on a tendance à réduire l’expatriation à un simple déménagement dans un autre endroit, sans imaginer la réalité et ses conséquences. La préparation s’arrête donc malheureusement trop souvent aux démarches administratives, et l’aspect psychologique est délaissé. Or, l’expatriation impacte fortement le psychisme, notamment du fait de la perte de repères. Ainsi, si vous décidez de vous expatrier dans un autre pays que le vôtre, vous vivrez un changement parfois brutal de culture, de rythme, d’hygiène de vie, de langue... La plupart des échecs de l’expatriation (faillites, retours prématurés, etc.) sont liés à une sous-évaluation de ces changements environnementaux et psychosociaux, ce que le psychologue Gregory Bateson nomme « l'écologie de l'esprit ». Il est donc nécessaire de travailler votre adaptation psychologique sur tous ces points si vous souhaitez changer de vie dans un autre pays que le vôtre.


Si vous décidez de vivre à l’étranger, vous traverserez probablement des étapes propres à l’expatriation qui sont aujourd’hui connues et étudiées par de nombreux spécialistes. La première phase est une phase de découverte : c’est votre arrivée dans le pays les tout premiers jours qui sont souvent bien vécus car vous avez probablement choisi et rêvé ce projet depuis longtemps. Vous êtes alors enthousiaste et curieux(s). Assez rapidement, les difficultés apparaissent, et parfois même chez le/la conjoint-e ou les enfants si vous êtes partis à plusieurs. 
La réalité ne correspond pas à ce qui avait été imaginé et peut même être décevante, ce qui peut vous pousser à vous replier sur vous-même. Le « deuil » de votre rêve est alors nécessaire et des émotions négatives comme la colère, la peur, voire même la culpabilité surviennent.


Voici la liste des différentes problématiques auxquelles vous êtes susceptible de faire face si vous décidez de vous expatrier :


- La rupture avec votre lieu d’origine et votre langue maternelle ;


- L’adaptation à un nouvel environnement : nouveau rythme de vie dans un nouveau contexte, rupture sensorielle (changement de climat, d’odeurs, de nourriture…), perte de repères, nouveauté permanente, nouvelle langue (un facteur déterminant d'intégration) ;


- La solitude ressentie, du fait de se séparer de ses proches, de ne connaître personne, et de ne pas avoir l’idée de parler de ces difficultés à quelqu’un / ou de ne pas savoir à qui parler ;


- L’intégration au travail avec une nouvelle culture d’entreprise impliquant des nouvelles normes sociales ainsi que des codes de conduites différents des vôtres ;


- L’impatriation : il s’agit du retour dans le pays d’origine qui a également tendance à ne pas être préparé, alors que celui-ci peut aussi être source de souffrance et de déséquilibre. En effet, peu importe la raison de votre retour à votre terre d’origine, l’impatriation n’est pas une expérience neutre et elle peut engendrer ce que l’on appelle le « choc culturel inversé ». Ainsi, vous ne vous sentez pas forcément chez vous à votre retour, vous êtes susceptible de vous sentir seul-e, de perdre vos repères, et d’avoir une impression de décalage avec votre entourage.

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Le contrecoup de cette transition amène de nombreux expatriés à souffrir de certains symptômes parmi les suivants :


  • Mal du pays et perte de repères

  • Désillusions face à la réalité du pays après l’avoir idéalisé

  • Isolement : la distance avec l’environnement familial, social et culturel peut provoquer un sentiment d’isolement social et/ou pousser à s’isoler volontairement

  • Perte de confiance en soi

  • Troubles du sommeil

  • Troubles de l’appétit

  • Fatigue psychique et physique

  • Mal être général

  • Dépression

  • Sauts d'humeur

  • Anxiété et crises angoisses

  • Conduites addictives (alcool, médicaments…)

  • Conflits de couple/familiaux (ex : décalage entre la vie l’expatrié-e et celle de son entourage)

  • Remise en question identitaire


Certain-e-s sont alors en tiraillement constant entre la séparation de leur pays d’origine, leur adaptation nécessitant de gros efforts, et un potentiel isolement.


Si vous vous êtes reconnu-e dans cette liste, sachez que vous n’êtes pas le/la seul-e à éprouver cela, que ce n’est pas anormal, et c’est même parfaitement naturel. Mais sachez surtout qu’il s’agit d’une transition et qu’il est possible d'agir pour davantage anticiper cet inconfort et en sortir rapidement.



Évidemment, les conditions ne sont pas les mêmes d’un pays à un autre et les difficultés sont variables en fonction du motif de votre expatriation. Mais sachez que certain-e-s expatrié-e-s travaillant dans des conditions difficiles dans l’humanitaire vivent parfois bien mieux les changements que d’autres expatri-é-s qui bénéficient de tout le "package attractif" proposé par certaines entreprises (hôtel, frais de déménagement, salaire, etc.). La différence réside dans la préparation mentale. En effet, vivre à l’étranger est une expérience particulièrement riche et épanouissante à partir du moment où elle est bien menée et bien préparée auparavant sur tous les plans.


Par ailleurs, l’expatriation étant un changement majeur, il existe des suivis thérapeutiques qui y sont consacrés avec des psychologues qui exercent à distance qui connaissent bien la psychologie du changement et de la transition et qui sauront vous accompagner, vous rassurer et vous conseiller durant les différentes étapes de votre adaptation. J’ai de nombreux patients expatriés qui me consultent à distance et je constate que ce sont eux qui sont le plus en demande de ma présence. Ne minimisez pas l’importance de l’accompagnement dans votre adaptation, car un-e psychologue vous aidera à vous intégrer plus rapidement et surtout à vous sentir bien et à l’aise afin de profiter de la richesse de cette aventure. Le suivi thérapeutique à distance peut par exemple correspondre à une téléconsultation d’une heure par semaine pour faire le point, avec une possibilité d’échanger à tout moment sur WhatsApp afin de ne pas se sentir seul-e. De mon côté, je propose également des échanges par mails car l’écrit est parfois plus pratique du fait du décalage horaire et des trajets.


Je m’arrête là pour aujourd’hui, en espérant vous avoir aidé-e à mieux comprendre les enjeux liés à l’expatriation ✈️. Vous pouvez m’écrire via le formulaire de contact si vous avez des questions ou si vous voulez vous renseigner sur les suivis à distance, ce sera un plaisir pour moi de vous répondre !


Travaillez bien vos projets et profitez bien de vos aventures 🙂



Marine Aujoulat




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